Dans Mon Monde
Par Emma Onekekou. Illustration par Rosie Olang
Dans mon monde, on s’interroge et dans le vôtre?
Dans mon monde on rêve et dans le vôtre?
Dans mon monde, le temps s’est arrêté. Et le vôtre, s’arrêtera-t-il un jour?
Si non, je vous le souhaite.
Cela vous laissera le temps de le façonner, de le réinventer.
Vous pourrez le modeler selon votre bon vouloir.
Le peindre de toutes les couleurs.
L’écrire différemment,
Le penser différemment.
Que vos mots lui donnent le sens ou l’orientation que vous désirez.
Que personne ne vous arrête.
Posée, j’écoutais un podcast. Il faisait beau. Le soleil avait mis ses plus belles parures. Autour de moi, la nature s’invitait dans ces espaces que nous ne pouvions plus occuper. Depuis mon balcon, je voyais la nature sans l’humain. Florissante. Belle. Les animaux libres de circuler. Des oiseaux de toutes sortes faisant leur nid là où bon leur semblait. J’étais dans ce monde mis en pause, essayant de le ré-imaginer, d’imaginer l’Afrique d’après la COVID-19.
Je repensais au parc de Ziniaré où vivaient ces animaux mal nourris; ces lions devenus si chétifs qu’on les confondrait avec des chats; ces arbres, habitats naturels d’autres êtres vivants, qu’on abattait sans remords; à une partie des humains qu’on rejetait, humiliait, spoliait sur la base de leur orientation sexuelle, un groupe qui nous offrait pourtant le plus beau de tous les drapeaux, l’arc en ciel.
C’était douloureux de rester enfermée, de tourner en rond toute la journée, d’être privée de soleil, d’air frais, de la beauté des espaces. L’envie de voir une exposition, un spectacle, un concert, de m’acheter des livres dans une librairie, était là, mais impossible de la réaliser.
La nature dont nous, êtres humains, étions des éléments, avait décidé de laisser vivre une autre partie d’elle-même et nous avait mis en pause. Nous étions pour la première fois forcéEs de nous arrêter, de réfléchir, de repenser le monde, notre vie, notre place dans cette chaîne.
C’était douloureux de rester enfermée, de tourner en rond toute la journée, d’être privée de soleil, d’air frais, de la beauté des espaces.
Dans mon monde, on s’interroge et dans le vôtre?
Dans mon monde on rêve et dans le vôtre?
Dans mon monde, le temps s’est arrêté. Et le vôtre, s’arrêtera-t-il un jour?
Si non, je vous le souhaite.
Cela vous laissera le temps de le façonner, de le réinventer.
Vous pourrez le modeler selon votre bon vouloir.
Le peindre de toutes les couleurs.
L’écrire différemment,
Le penser différemment.
Que vos mots lui donnent le sens ou l’orientation que vous désirez.
Que personne ne vous arrête.
La nature respirait, se montrait à nous sans pollution, elle prenait son bain. Le monde ne s’était pas arrêté. Dans cette chaîne, c’est l’humain qui devait s’arrêter pour repenser le traitement qu’il infligeait à la nature, à lui-même et à ses semblables. La nature nous avait prouvé que nous n’étions pas indispensables.
Après tout ça, je libérerai mon chat. Je m’engagerai pour l’écologie, je serai plus respectueuse de la nature et de la vie. J’inviterai l’amour dans ma vie. Et oui, sur ce continent où rien ne semblait aller, nous, femmes lesbiennes, arrivions à nous aimer. J’aimais une femme à qui je n’avais jamais révélé mes sentiments. Ma Soyata. Dès que tout ça prendrait fin…Avant de m’engager pour sauver les animaux, la planète, le réchauffement climatique, de sensibiliser sur le respect des différences, je viendrai d’abord t’aimer. Je fusionnerai avec toi. Je puiserai en toi ma force, l’énergie nécessaire pour réécrire ce monde.
Je pris un grand bol d’air frais. Je ne me souvenais plus de ce que j’écoutais. Je savais juste que la nature avait juste besoin de faire vivre les autres êtres vivants de la chaîne. Elle nous poussait à réfléchir.