Nous – Poétique
De Tatenda Muranda. Photo de GPHOZ
Nous voici, deux êtres frénétiques,
Dans ce petit espace que nous appelons chez nous.
Avec son toit en tôle et ces mûrs faits de journaux pour notre confort,
Nous réconforte dans notre vie privée,
Nous offre un recoin qui nous donne un sens.
Dehors, dans ce monde, il n’y a pas de place pour cette fille et ce garçon
Mais ici, tu es mon roi-reine et je suis ta chevalière.
Dans ce monde, ils t ‘auraient appelé Modjadji.
Et je t’aurai appelé mon aiméE. Chaque nuit. Mon aiméE avec dévotion.
Dans ce monde les gens nous dévisagent au passage.
Que tu es courageux/se juste en étant toi,
Avec défiance tu occupes les espaces que tu navigues,
Avec fierté tu ignores ces regards malveillants,
Tu voles du temps pour nous et
Je le sais.
Ton bandage te lie à ta poitrine,
Un espace ravagé par les blessures d’un corps ambiguë
Une personne en court de se définir.
Je te cacherais pour te protéger
Refuserais de dire sthandwa sami,
De ma tombe à la tienne, je te protégerais.
Dans tes bras je me souviendrai des légendes.
Histoires de ces femmes qui avaient des épouses
et ces hommes qui pouvaient donner naissances,
Mais dans ces légendes, il n’y a pas d’histoires sur nous.
Pendant que tu es là, allongéE dans ce silence froid
Tes mains rugueuses et ta peau de velours plaident pour ma bravoure,
Alors que mes larmes et adieux étouffés plaident pour le passé.
On ne peut plus se parler,
mon dévouement ne peut se transmettre à travers le temps,
ni mon désir ne peut te ramener à moi.
Il ne me reste que des images en souvenirs,
odeurs et sourires,
Regards et rires coquins,
Un cœur vide dans notre foyer brisé
Et ce mot “isitabane” me rappelle
Que cette chanson triste,
se termine dans une mort injustice.
Et que notre poésie était poétique quand c’était juste nous – poétique.