Ressentir l’image
Un entretien avec Chloé, ou GPhOZ, Photographe, musicienne . De Michael Kémiargola
Michael Kémiargola: Qu’est-ce qui t’as amenée à la photo?
GPhOZ: Je pense toujours avoir été mordue d’images. Ne serait ce que dans la vie de tous les jours mon regard se pose continuellement sur des détails qui passent inaperçus normalement mais tout ça me passionne. Le geste particulier d’une personne, une luminosité, un regard, la forme d’un corps… Mais bon, souvent toutes ces envies de capture sont frustrées par le droit à l’image.
MK: Ton appareil est-il un compagnon de toujours ou alors tu sors et t’organises spécialement pour faire des photos?
GPhOZ: C’est rare que je prenne en photos des modèles vivants. Quand c’est le cas, il n’y a pas forcément de lien particulier. Le lien qu’il y a à voir est perceptible en prenant le temps de ressentir l’image. Ceci étant dit je reste la gardienne de ces secrets. Je me souviens de tous les instants, toutes les occasions, des regards et des émotions que j’ai pu ressentir à chaque prise de vue. C’est un journal de souvenirs.
MK: Est-ce qu’un lien particulier t’unit à tes modèles?
GPhOZ: La majeure partie des photos que j’ai faites jusqu’à présent je les ai capturé quand je vivais encore en Martinique. Je me sentais bien inspirée là bas… J’ai du mal avec la lumière d’ici (France). J’ai moins le temps et c’est vrai que mon idéal aurait été de pouvoir saisir tout ce qui attire mon regard mais la loi dit qu’une personne à un droit à l’image et ici c’est les corps que je voudrais photographier, à l’improviste, mais ce n’est juridiquement pas possible. Mais je ne lâche pas l’affaire.
MK: Qu’est-ce-que signifie le gros plan dans ton travail?
GPhOZ: Je n’avais pas fait attention au fait que je fais pas mal de prises en gros plan (rires) du coup je ne sais pas trop quoi dire. Sans doute pour cibler les choses. Pour être sûre que ceux celles qui observent en arrive à une même conclusion. En fait le gros plan montre ma façon de focaliser pendant ces cours instants où mon esprit bug sur ces fameux détails.
MK: Tu peux nous dire aussi un mot sur certaines des photos choisies?
GPhOZ: O580: Cette photo vient d’une série d’autoportrait avec un jeu de miroir…. ça m’est venu en croisant mon regard et un appareil photo entre les mains. L’idée m’a prise. C’était l’occasion d’exprimer la schizophrénie à laquelle je devais me soumette quand je vivais avec mes parents, les troubles qui m’animaient.
1322: Cette main j’aurais dû la saisir.