Un amour qui gène
De Emma. Photo by John McAllister
« Je n’ai jamais voulu blesser mon mari, j’aimais cet homme à ma manière mais je l’aimais.
De toutes les femmes que j’avais rencontrées aucune n’avait su m’aimer comme mon mari l’avait fait. Je lui en étais très reconnaissante, mais ce n’était pas de ma faute. Mon amour pour les femmes était plus fort que tout.
Mon mari me surprenait de plus en plus. Un soir je suis rentrée et qu’elle ne fut ma surprise, mon mari avait cuisiné, mis le couvert, il ne manquait que sa petite famille pour le diner. Adèle, j’ai souhaité aimer mon mari, il le méritait plus que quiconque. J’ai détesté Kenar, j’ai détesté Dieu, j’ai détesté le diable. Je regardais mon mari et je voyais derrière son sourire, une peur. La peur que je ne le quitte pour une femme.
Il caressait mon alliance, me prenait la main m’embrassait et il me rappelait combien il m’aimait. Certains jours, je me dis que j’aurais pu faire cette faveur à Edoukou en restant sa femme. J’ai fait le choix d’écouter mon cœur, mon envie de me réveiller aux côtés de ma femme, d’avoir une vraie vie de famille. Voilà ce que j’ai préféré au bonheur que mon mari ne cessait de me donner. Adèle ce n’était pas facile de lutter contre tout ça. »
Tante Dohoun jardinait quand je suis arrivé, je l’aidais à planter et à débarrasser quelques mauvaises herbes. Nous sommes ensuite allées en cuisine, elle a sorti des pots de yaourt pour Merveille et elle l’a installé au salon.
- -Kéisha, je te remercie d’avoir épousé Edoukou et d’avoir fait de lui un homme heureux. Je ne croyais vraiment pas que tu réussirais ce pari. Tu es une personne forte et quoiqu’on dise personne dans la famille n’a autant de courage et de cran que toi.
- -Pourquoi vous me dites toutes ces choses ma tante ?
- -Ne m’interromps pas s’il te plait. Tu as fait des choix différents où tu pensais être celle qui a affiché de façon flagrante son attirance pour des personnes du même sexe qu’elle. Je vais t’avouer quelque chose que jusque-là personne, à part mon père spirituel ne savait. Elle est restée silencieuse un moment, des larmes ont perlé sur ses joues et elle a recommencé à me parler.
- -Elle était magnifique, je l’ai rencontré lors d’une mission en Italie. Maria c’est comme ça qu’on l’appelait à cause de sa trop grande beauté, sinon en réalité elle s’appelait Anne. Il était né entre moi et cette fille une amitié que personne n’arrivait à expliquer. Nous sommes devenues de plus en plus proches au point
de ne plus pouvoir nous séparer l’une de l’autre. Un soir, elle m’a donné ses lèvres et je les ai saisies. Depuis ce jour, j’ai commencé à vivre quelque chose d’unique. Nous étions tombées très amoureuses l’une de l’autre au point où nous séparées l’une de l’autre était chose quasiment impossible. Je suis restée en Italie pendant trois ans et durant toute cette période je vivais mon idylle amoureuse avec elle. Tout a pris fin quand je suis revenue dans notre pays. Elle est aussi retournée dans son pays. Je suis revenue triste et meurtrie d’avoir été séparé d’elle. Je voulais tout arrêter quitter ma vie religieuse et aller retrouver Anne pour vivre notre histoire. Moi si joyeuse, j’étais renfermée sur moi-même, j’étais devenue une autre personne. Je savais ce qui m’attendait si j’osais avouer mon histoire avec Maria. J’ai commencé à plonger dans une sorte de dépression. J’ai compris le besoin de parler, ton grand père, n’aurait jamais accepté que je quitte la vie religieuse. Alors je me suis tournée vers un prêtre que je savais très discret. Il m’a aidé et petit à petit j’ai commencé à sortir de cette dépression. J’ai rompu tout contact avec Maria que je n’avais jamais cessé d’aimer, mais à qui j’avais cessé de parler par principe.